• Fuir ! là-bas fuir !

    Quelques poèmes choisis par les élèves ou utilisés en cours comme illustration

  • L'Horloge  Charles Baudelaire


    Horloge! dieu sinistre, effrayant, impassible,
    Dont le doigt nous menace et nous dit: "Souviens-toi!
    Les vibrantes Douleurs dans ton coeur plein d'effroi
    Se planteront bientôt comme dans une cible;

    Le Plaisir vaporeux fuira vers l'horizon
    Ainsi qu'une sylphide au fond de la coulisse;
    Chaque instant te dévore un morceau du délice
    A chaque homme accordé pour toute sa saison.

    Trois mille six cents fois par heure, la Seconde
    Chuchote: Souviens-toi! - Rapide, avec sa voix
    D'insecte, Maintenant dit: Je suis Autrefois,
    Et j'ai pompé ta vie avec ma trompe immonde!

    Remember! Souviens-toi! prodigue! Esto memor!
    (Mon gosier de métal parle toutes les langues.)
    Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues
    Qu'il ne faut pas lâcher sans en extraire l'or!

    Souviens-toi que le Temps est un joueur avide
    Qui gagne sans tricher, à tout coup! c'est la loi.
    Le jour décroît; la nuit augmente; souviens-toi!
    Le gouffre a toujours soif; la clepsydre se vide.

    Tantôt sonnera l'heure où le divin Hasard,
    Où l'auguste Vertu, ton épouse encor vierge,
    Où le Repentir même (oh! la dernière auberge!),
    Où tout te dira Meurs, vieux lâche! il est trop tard!"

    Saturne, Georges Brassens

    Il est morne, il est taciturne
    Il préside aux choses du temps
    Il porte un joli nom, Saturne
    Mais c'est Dieu fort inquiétant
    Il porte un joli nom, Saturne
    Mais c'est Dieu fort inquiétant

    En allant son chemin, morose
    Pour se désennuyer un peu
    Il joue à bousculer les roses
    Le temps tue le temps comme il peut
    Il joue à bousculer les roses
    Le temps tue le temps comme il peut

    Cette saison, c'est toi, ma belle
    Qui a fait les frais de son jeu
    Toi qui a dû payer la gabelle
    Un grain de sel dans tes cheveux
    Toi qui a dû payer la gabelle
    Un grain de sel dans tes cheveux

    C'est pas vilain, les fleurs d'automne
    Et tous les poètes l'ont dit
    Je regarde et je donne
    Mon billet qu'ils n'ont pas menti
    Je regarde et je donne
    Mon billet qu'ils n'ont pas menti

    Viens encore, viens ma favorite
    Descendons ensemble au jardin
    Viens effeuiller la marguerite
    De l'été de la Saint-Martin
    Viens effeuiller la marguerite
    De l'été de la Saint-Martin

    Je sais par coeur toutes tes grâces
    Et pour me les faire oublier
    Il faudra que Saturne en fasse
    Des tours d'horloge, de sablier
    Et la petite pisseuse d'en face
    Peut bien aller se rhabiller...